Je pense qu’il y a trois raisons à leur refus. Tout d’abord, les maisons d’éditions sont débordées par les manuscrits. Ensuite, mes livres ne sont pas formatés, ni dans le langage, ni dans les thèmes abordés. Et en dernier lieu : je n’ai aucun contact dans le milieu de l’édition. Mes chances d’être publié étaient minces. De plus, j’avais déjà eu des manuscrits refusés.
Mais avec L’Insoumis, au lieu de le vivre comme un désastre, ça m’a stimulé. Je crois dur comme fer que lorsqu’une œuvre est bonne, elle peut survivre, même dans des conditions extrêmement difficiles. J’ai donc décidé de me lancer dans l’autoédition.
J’ai commencé par démarcher une dizaine de librairies dans différentes villes. Elles ont toutes refusé. Pas la place, pas le temps, pas l’énergie pour défendre un livre dont personne n’a entendu parler. Encore une fois, j’aurais dû être abattu, mais pas du tout. Ca m’a donné une sorte de ferveur complètement irrationnelle. Je savais que mon livre trouverait ses lecteurs, d’une manière ou d’une autre.
Alors j’ai essayé plusieurs choses : dépôt en restaurants, dans des boutiques, dans des lieux associatifs. J’ai fait des salons du livre et des lectures publiques. Les gens de mon village, en Dordogne, ont commencé à en parler. Et puis j’ai essayé les marchés. Un bouquiniste m’a invité sur son stand. Un dimanche, on a fait une séance dédicace improvisée et ça a tout de suite fonctionné. Aujourd’hui, j’ai mon propre stand et, à ce jour, j’ai vendu plus de 3000 exemplaires.
Vendre ses bouquins dans la rue, entre un étal de poulets rôtis et un banc de fromage, c’est une expérience qui enseigne un grand nombre de choses. Tout d’abord, je me suis aperçu que la lecture touchait absolument tous types de personnes. Pauvres, riches, jeunes, vieux, cultivés, pas cultivés, homme, femme peu importe. Pourvu qu’il y ait une étincelle de curiosité. Pourvu aussi qu’on leur tende la main, qu’on rende le livre attrayant, qu’on arrive à en parler avec passion.
Donc ça c’est la première leçon : il n’y a pas de ‘lectorat-type’ ou de ‘cible’. La science du marketing est totalement inadaptée à la littérature. Chaque personne a une sensibilité qui dépasse le cadre des étiquettes. C’est la deuxième leçon : la subjectivité. L’histoire change à chaque lecteur, à chaque lectrice. Personne ne peut de prédire leur réaction. D’être aussi proche des lecteurs m’a fait comprendre que lorsqu’on s’immerge dans un livre, on fait plus que se l’approprier, on devient co-auteur de l’histoire.
Pas particulièrement, non. C’est à chacun et chacune de découvrir le message qui l’attend dans les pages. Je pense que l’art est un miroir déguisé en chemin. Lire un livre c’est comme un rêve, une aventure paradoxale où on sort de soi… tout en plongeant profondément à l’intérieur de soi. Moi, le message que j’y trouve me concerne. Avec le recul, ce qui me frappe c’est que dans les trois livres, la rue est omniprésente. Peut-être que ces livres étaient destinés à être vendus dans la rue.
Il y a beaucoup de façon de m’aider. Bien sûr en achetant les livres, en les offrants, en les partageant, en parlant autour de soi.
Ce qui m’aide beaucoup aussi, c’est les retours.
J’apprends toujours beaucoup de choses en découvrant comment les lecteurs et les lectrices ont aimé (ou non) les livres.
Je cherche aussi des personnes qui peuvent me corriger ou faire des lectures analytiques, pour mes prochains projets. Les personnes qui le souhaitent peuvent également me soutenir en faisant un don.